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LA SALLE A MANGER DE SAINTE-BEUVE

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Ce 12 août 1865.

Chère madame,

Je me demandais où vous étiez, si vous aviez obéi aux prescriptions de la science et aux conseils de l’amitié : à la bonne heure ! je ne connais pas les eaux de Salins, mais j’aime à croire que ce sont celles qu’il vous faut et que leur vertu sera efficace. — Je n’ai vu Salins qu’en courant, à distance : c’était du temps des diligences : je passais à une demi-Jlieue environ par une grande route, et j’ai vu une jolie ville se dessiner dans un cadre de montagnes. Il y a à Salins un homme (je ne veux pas dire par là qu’il n’y en ait pas plusieurs), mais un homme entr’autres, de mérite et original : M. Max Buchon érudit et curieux, qui a traduit des romans populaires de l’allemand et fait des poésies très rustiques et voisines de la nature ; il est ami de quelques-uns de mes amis d’ici : — c’est une nature rude, échantillon de race jurassienne. — Je ne savais pas le pays si pittoresque ni si beau. Nous autres Français, nous commençons toujours par connaître et vanter l’étranger. Nous sommes les derniers à nous découvrir nous-mêmes.

Je vois avec plaisir que vous lisez : il y a, de temps en temps, dans les Débats^ de bons articles ; M. de Sacy en fait d’assez aimables et de naturels ; Littré