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De deuxième chapitre de la Révolution d’Octobre n’est pas simplement caractérisé par le développement des positions économiques de la petite bourgeoisie des villes et des campagnes, mais par un processus infiniment plus dangereux et plus aigu de désarmement théorique et politique du prolétariat, s’opérant parallèlement à un accroissement de la confiance des couches sociales bourgeoises en elles-mêmes. Conformément au stade par lequel passent ces processus, l’intérêt politique des classes petites bourgeoises grandissantes a consisté et consiste encore à masquer autant que possible leur avance, à camoufler leurs progrès sous une couleur soviétique protectrice et à représenter leurs points d’appui comme des parties intégrantes de l’édification socialiste. Certains progrès, d’ailleurs importants, de la bourgeoisie sur la base de la Nep, étaient inévitables, ils étaient d’autre part nécessaires aux progrès du socialisme lui-même. Mais des gains économiques identiques de la bourgeoisie peuvent acquérir une toute autre importance et constituer un degré de danger bien différent, selon la mesure où la classe ouvrière et, avant tout, son parti se font une idée juste des processus et des déplacements qui s’opèrent dans le pays, et tiennent solidement en mains le gouvernail. La politique est une économique concentrée. Dans la présente étape, la question économique de la République soviétique se résoud plus que jamais du point de vue politique.

Le vice de la politique postérieure à Lénine n’est pas tant d’avoir fait de nouvelles concessions importantes aux diverses couches sociales de la bourgeoisie à l’intérieur du pays, en Occident et en Asie. Certaines de ces concessions furent nécessaires ou inévitables, ne fût-ce qu’en raison des fautes antérieures. Telles les nouvelles concessions qui furent faites au koulak en avril 1925 : le droit d’affermer la terre et d’occuper de la main-d’œuvre. Certaines autres furent en elles-mêmes erronées, nuisibles, voire funestes. Telles la capitulation devant les agents bourgeois du mouvement ouvrier britannique et la capitulation pire encore devant la