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— Alors ce que j’ai dit n’a pas rendu ma pensée. Je trouve, puisque vous me forcez à vous parler ouvertement, qu’en somme, tout dépend de vous. Vous êtes, après tout, votre maître. Vous savez quel est votre devoir envers votre mère et vos sœurs. Le sort fait qu’elles n’ont que vous pour soutien, et vous n’êtes pas homme à vous dérober à cette charge.

— Non certes.

— Non certes, c’est ce que je dis. Mais, à votre place, tout en faisant mon devoir, je ne voudrais pas être esclave.

— Mais que puis-je faire ?

— Vous avez voulu, je crois, me dire tout à l’heure, que vous seriez bien pauvre si… si vous étiez obligé de renoncer à votre traitement d’agrégé et si en même temps vous acceptiez de nouvelles charges ? Eh bien ! vous feriez alors ce que font les autres qui sont pauvres aussi.

— Je ne vois personne tout à fait dans ma position.

— Non, mais vous connaissez bien des gens qui sont dans une position pire, du moins pour ce qui est de leur fortune. Si vous donniez à votre mère la moitié de votre revenu, vous seriez encore, je pense, plus riche que M. Young.

Ce M. Young, dont parlait Adela, n’était que vicaire dans une paroisse voisine, et il venait de se marier.

On me dira — mes lectrices surtout — qu’Adela en parlant ainsi, montrait trop clairement le chemin du mariage à M. Wilkinson. Elle se le reprocha elle-même plus tard et assez vivement ; mais, comme elle