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— Vous êtes tous bien bons, trop bons, répondit Adela.

Autre silence ; cette fois il dura pendant un demi-kilomètre, et comme le chemin était roide, ce demi-kilomètre fut long à parcourir.

— Cela semble si singulier que vous nous quittiez, nous que vous connaissez depuis si longtemps, pour aller vivre avec mademoiselle Todd, que vous n’avez jamais vue !

— Je crois qu’un petit changement me fera du bien, monsieur Wilkinson.

— Peut-être bien…

L’autre moitié du kilomètre s’acheva à son tour.

— Allons, Dumpling, marche un peu, dit Wilkinson. Ceci s’adressait au gros cheval, car on était arrivé au haut de la montée.

— Notre maison, je le sais, a dû vous paraître bien triste. Elle est si changée aujourd’hui, n’est-ce pas ?

— Non … je ne sais pas.

— Oui, oui, elle est bien changée. Il n’y a plus cet entrain, ce bon vouloir d’autrefois. Mon père nous manque beaucoup.

— Ah ! oui, cela doit être. Je sais comprendre cela, C’est une grande perte, une bien grande perte.

— J’ai quelquefois pensé qu’il est malheureux que ma mère soit restée au presbytère après la mort de mon père.

— Vous avez été bien bon pour elle, je le sais.

— J’ai fait ce que j’ai pu pour la rendre heureuse, Adela (c’était la première fois, depuis qu’elle était