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ment, lorsque le phaéton arriva devant la porte avec tout le bagage arrangé sur le siège de derrière, qu’on découvrit pour la première fois qu’il fallait laisser Sophie à la maison.

Arthur Wilkinson aurait alors volontiers cédé sa place, et George Bertram n’aurait pas demandé mieux que de l’accepter. Adela, de son côté, aurait préféré ce nouvel arrangement. Mais ce qui convenait si bien à tout le monde était impossible à faire. Arthur ne pouvait guère refuser de conduire Adela parce que sa sœur n’était plus là pour le protéger, et la jeune fille, de son côté, ne pouvait refuser de se laisser conduire par son hôte. Donc, après bien des adieux et des embrassements, Adela et son compagnon se mirent en route emportant un gros paquet de sandwichs. Je me demande, par parenthèse, qui consomme ces énormes quantités de sandwichs dont on accable toujours les partants ? Je pense que les chiens des chefs de gare en sont nourris presque exclusivement.

Le premier quart de lieue se passa en efforts de la part de Wilkinson pour installer confortablement sa compagne de voyage. Il se serra dans son coin pour lui laisser plus de place ; il retira son paletot sur lequel elle était à moitié assise, et le lui mit sur les genoux pour la garantir de la poussière, et lui recommanda au moins trois fois d’ouvrir son ombrelle. Puis il trouva moyen de dire, en passant, un mot par-ci par-là à ses paroissiens pour occuper le temps, mais cela dut naturellement cesser lorsqu’il se trouva hors de sa paroisse. Ils arrivèrent ensuite à une montée, et Arthur