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— Oui, lui répondit-elle très-bas, comme à un ami aimé ; mais n’oubliez pas que j’attends de vous la discrétion et la générosité d’un ami. Puis elle monta dans sa chambre, et lorsqu’elle parut au déjeuner, ce fut avec son air habituel de douce sérénité et avec des yeux qui ne trahissaient aucun secret douloureux.

Elle partit le lendemain. La station où elle devait prendre le train pour Littlebath était à quatre lieues de Hurst-Staple. Il fut décidé qu’on la mènerait jusque-là dans le phaéton de madame Wilkinson. Ce phaéton était le seul véhicule, à l’exception d’une charrette de ferme, qui existât au presbytère. C’était une voiture à quatre roues fort basse, assez mal combinée pour recevoir deux personnes de dimensions ordinaires sur le siège de devant, et deux personnes de dimensions extraordinaires, comme petitesse, sur celui de derrière. Madame Wilkinson la conduisait en général elle-même, ayant une de ses filles assise à côté d’elle, tandis que deux autres, — celles qui s’étaient trouvées, vérification faite, avoir les jambes les plus courtes, — étaient emprisonnées par derrière. Quand elles se trouvaient ainsi emballées toutes les quatre, il devenait évident pour tout le monde qu’il ne fallait rien demander de plus au phaéton. Or, il avait été décidé qu’Arthur conduirait Adela à la station et que Sophie l’accompagnerait aussi. Mais Sophie, en faisant cet arrangement, avait oublié que son amie possédait une malle, un sac de nuit et une caisse à chapeaux, trois objets dont la présence à Littlebath était indispensable ; il se trouva donc, au dernier mo-