— Si fait, Adela ! vous me comprenez, — je le crois du moins. Il me semble que je parle franchement et clairement ; je tâche de le faire et je crois que vous me comprenez.
— Si je vous comprends, je dois vous dire que le remède est impossible.
— Ah !
— Oui… impossible.
— Vous n’êtes pas fâchée contre moi, Adela ?
— Fâchée ! Oh ! non pas.
— J’espère alors que vous ne vous fâcherez pas si je vous parle encore une fois franchement. Je croyais… je croyais… mais j’ai peur de vous faire de la peine.
— Ne craignez pas de me faire de la peine s’il en doit résulter quelque bien.
— Je croyais que vous aussi vous portiez votre blessure. Au fond des bois, les daims atteints par le chasseur se couchent côte à côte et lèchent leurs blessures, tandis que le troupeau vague au loin sans se soucier d’eux.
— Est-ce bien ainsi que cela se passe, croyez-vous ? Pourquoi donc le poëte nous parle-t-il du « pauvre cerf isolé qu’abandonnent et oublient ses amis au doux pelage ? » Non, non, le chagrin, je le crains, doit toujours être solitaire.
— Et par là même insupportable.
— Aujourd’hui, comme jadis, à brebis tondue Dieu mesure le vent. Mais il n’est pas de cure soudaine pour ces sortes de maux. Un temps viendra où nous nous rappellerons toutes ces choses, — je ne dis pas