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départ de l’hôte qui s’en va, » dit le proverbe. Ce serait là ma maxime si j’étais maître de maison. Je n’essayerais jamais de retenir qui voudrait s’en aller. Mais tout le monde vous regrettera ici, Adela, et puis, Littlebath ne vous conviendra pas. Vous ne pourrez jamais vous y plaire.

— Pourquoi donc ?

— C’est un vilain endroit. On n’y voit que des maquignons et de vieilles mégères, des tables à jeu et de faux cheveux.

— Les tables à jeu ne me regardent pas, ni les faux cheveux non plus, j’espère ; — ni même, à la rigueur, les maquignons, je pense.

— Mais tout de même vous resterez en présence du plus terrible des quatre fléaux.

— Comment pouvez-vous être si méchant pour Littlebath ? J’y ai passé, quant à moi, des jours bienheureux. Puis Adela s’arrêta, car elle se rappelait que ces jours heureux auxquels elle pensait avaient été passés avec Caroline Waddington.

— Oui, et moi aussi j’y ai eu des jours heureux — très-heureux. Ils n’auraient pas pris fin si brusquement peut-être, si ce n’eût été l’influence de cette affreuse petite ville.

Adela, ne sachant que répondre, se remit à broder ; puis, après quelques instants de silence, elle dit :

— J’espère que la pernicieuse influence de Littlebath n’agira pas sur moi.

— Je l’espère bien, — je l’espère de tout mon cœur. Ces influences-là ne doivent pas vous atteindre. Il me