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générale, et elle se considère comme offensée parce que je ne suis pas ses directions.

— Je ne puis t’indiquer qu’un seul remède à cet état de choses, mon cher Arthur ; mais je puis t’en indiquer un.

— Lequel ?

— Marie-toi ; prends une femme qui ne s’inquiétera pas de la façon dont tu lui liras l’absolution.

— Une femme ! dit Wilkinson, et il poussa un long soupir, tout en continuant sa promenade.

— Oui, une femme ; et pourquoi pas ? On dit généralement que tout ministre de campagne doit avoir une femme, et je crois fermement, quant à moi, qu’on a raison.

— Donc, tout pauvre vicaire devra se marier ?

— Mais tu n’es pas un vicaire, toi.

— Je n’ai le revenu que d’un pauvre vicaire. Et où mettrai-je une femme ? La maison est déjà remplie de femmes. Qui voudrait venir habiter une maison comme celle-ci ?

— Il y a Adela. Ne penses-tu pas qu’elle viendrait, si tu l’en priais ?

— Adela ! dit le jeune ministre. Sa promenade l’avait conduit jusqu’à l’autre extrémité de la table, assez loin de George, et il s’y arrêta quelques instants. Adela ! dit-il encore une fois.

— Oui, Adela, répéta Bertram.

— Quelle vie elle mènerait ici avec ma mère ! Celle-ci l’aime beaucoup maintenant, mais si je suivais ton conseil, je sais qu’elle la prendrait en haine.