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tard. Elle s’est fâchée ce soir, parce que je ne voulais pas vous lire un sermon.

— Et pourquoi ne voulais-tu pas ?

— J’en ai prêché deux aujourd’hui. Et en disant ces mots, le jeune ministre se laissa aller à un long bâillement. Autrefois elle en lisait elle-même à haute voix, mais j’ai mis fin à cela.

— Pourquoi donc ? pourquoi ne pas la laisser faire ?

— Mes sœurs s’endormaient toujours… et les domestiques aussi. Je ne trouve pas qu’elle ait une voix qui convienne aux sermons. Mais je suis sûr qu’elle ne me l’a pas pardonné.

— Et qu’elle ne te le pardonnera jamais.

— Je crois vraiment quelquefois qu’elle aimerait à prendre ma place en chaire.

— C’est un désir qui me semble assez naturel, mon bon ami.

— La vérité, c’est que le message qu’on lui a transmis de la part de lord Stapledean et la conduite de celui-ci au sujet de la cure ont tourné la tête à ma pauvre mère. Je ne saurais blâmer lord Stapledean : il a agi dans une bonne intention. Mais je me blâme moi-même. Je n’aurais jamais dû accepter la cure à de pareilles conditions — jamais, jamais. Je le sentais quand je l’ai fait, et je n’ai jamais cessé de m’en repentir depuis.

Et, tout en parlant, Arthur se leva et se mit à marcher rapidement en long et en large dans le salon.

— Le croirais-tu ? maintenant, ma mère s’avise de vouloir me dicter la façon dont je dois lire l’absolution