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pas ? Si tu pouvais seulement me dire cela ! Mais vous argumentez toujours dans un cercle. Je dois avoir la foi à cause de la Bible, et je dois accepter la Bible parce que j’ai la foi. Où se trouve le premier mobile de la foi ? Où en découvrirai-je la source ?

— Dans la prière.

— Mais puis-je prier sans la foi ? A-t-on jamais vu un homme s’agenouiller devant un soliveau et prier le soliveau de faire qu’il croie au soliveau ? S’il n’avait pas foi au soliveau, serait-il là à genoux à l’implorer ?

— Tu ne trouves donc dans la Bible aucun témoignage intrinsèque de son authenticité ?

— Si fait — un témoignage irrécusable, un témoignage qu’aucun esprit sérieux ne peut rejeter. Les enseignements du Christ, les paroles que j’y lis comme venant de lui me sont une preuve irrésistible de son droit à enseigner. Mais vous ne me permettez pas de m’appuyer sur ce témoignage. Il faut que j’accepte le tout, dès mon début dans la vie, avant que j’aie pu en examiner la vérité intrinsèque. Il faut que tout me soit vérité, depuis le soleil qui s’est arrêté sur l’ordre de Josué, jusqu’à la sagesse divine qui enseignait que le tribut de César devait être payé à César.

— S’il était permis à tout homme, et même à tout enfant, de choisir, comment aurions-nous jamais une religion ? et, sans religion, point d’Église.

— Et, sans Église, point de prêtres ! Va donc jusqu’au bout, car c’est bien là le bout. La vérité, c’est que vous exigez trop, ce qui fait que vous n’obtenez rien. Vos troupeaux ne croient pas, ne prient pas, ne