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— Je le crois, — et à moi encore plus de temps pour le comprendre.

Wilkinson était décidé à ne pas se laisser entraîner à discuter ; il garda donc le silence. De son côté, Bertram resta muet, et ils cheminèrent ainsi pendant quelque temps, absorbés dans leurs propres pensées. Mais ils n’étaient satisfaits ni l’un ni l’autre. Wilkinson n’eût pas demandé mieux que de rester en repos et de s’abandonner, en ce qui touchait sa foi et ses espérances, à la quiétude que lui avaient faite sa nature et son éducation. Il n’en était pas de même avec Bertram. Il s’en voulait de ne pas croire, et il en voulait aux autres de ce qu’ils croyaient. Au bout de quelques minutes, Bertram recommença.

— Ah ! si je pouvais croire ! si c’était là une chose à laquelle on pouvait arriver, en la désirant, quel homme n’aurait la foi ? Mais vous, vous les prêtres, les pasteurs du peuple, vous qui devriez rendre tout facile, vous vous obstinez à rendre la chose si difficile, si impossible ! La croyance, du moins, devrait être aisée, quand bien même la pratique serait difficile.

— Il faut t’adresser à la Bible — non à nous.

— Voilà précisément la pierre d’achoppement. On nous donne un livre, assez mal traduit de plusieurs langues, qui se compose en partie d’histoire racontée hyperboliquement — car tout le langage de l’Orient est hyperbolique ; en partie de prophéties dont le sens est perdu pour nous, parce que les choses dont elles étaient l’image sont elles-mêmes perdues ; enfin, d’actions de grâces, rédigées par des hommes qui ne con-