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nous ayons de la croyance des hommes. De tous ceux qui t’écoutaient en silence pendant que tu prêchais ce matin, combien, penses-tu, étaient réellement croyants ?

— Tous, je l’espère — tous, je le crois. J’ai le ferme espoir qu’ils étaient tous croyants, — tous, sans t’excepter.

— Je voudrais bien savoir s’il s’en trouvait un seul, — s’il y avait un seul d’entre nous tous qui crût tout ce que tu nous demandais d’affirmer — un seul qui crût, par exemple, à la communion des saints ? un seul qui crût à la résurrection de la chair ?

— Et pourquoi ne croiraient-ils pas à la communion des saints ? Quelle difficulté y vois-tu ?

— Aucune, à vrai dire — de la façon dont ils entendent la foi, cette chose, du moins, que toi et eux vous appelez foi. Rumtunshid gara shushabad gerostophat : voilà le Credo de certaines tribus du Caucase. Crois-tu au Rumtunshid ?

— Si tu veux parler galimatias à propos d’un pareil sujet, j’aime mieux changer de conversation.

— Tu es bien déraisonnable de vouloir garder le monopole des galimatias. Que tu prétendes parler tout seul quand tu es en chaire, je l’admets ; mais ici, en plein air, sur la bruyère, pourquoi n’aurais-je pas, mon tour ? Tu ne crois pas au Rumtunshid, toi ? pourquoi donc exigerait-on de Buttercup le fermier qu’il croie à la communion des saints ? Qu’en sait-il, et qu’en peut-il croire ? Et pourquoi forces-tu la petite Flora Buttercup, sa fille, à faire un gros mensonge en