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de répéter des paroles bien connues : il n’est pas même difficile de se composer un état d’esprit sérieux et recueilli ; mais, se rappeler ce qu’on demande, pourquoi on le demande, à qui on le demande ; se sentir bien assuré de désirer ce que l’on demande, et se dire que le meilleur moyen de l’obtenir est de le demander par la prière, tout cela, en somme, n’est point facile. Il y a lieu de croire qu’en cette occasion, Bertram trouva la chose tout à fait au-dessus de son pouvoir.

On dîna de bonne heure au presbytère ; et dans la soirée, Bertram et son hôte firent ensemble une promenade. Ils n’avaient eu que peu d’occasions de causer librement, et il tardait à Bertram de parler à quelqu’un de ce qui l’occupait. Il ne put y réussir. La conversation ne consent pas toujours à suivre exactement le cours qu’on voudrait lui prescrire.

— J’ai été bien heureux de te voir à l’église ce matin, dit le ministre. À te dire vrai, je ne m’y attendais pas. J’espère que ce n’était pas en mon honneur seulement.

— J’en ai un peu peur, mon cher.

— Tu veux dire que tu y es allé parce que tu ne voulais pas nous chagriner en t’absentant ?

— C’était à peu près, cela, dit Bertram en affectant de rire. Je ne veux pas que ta mère, tes sœurs, et toi aussi, vous me regardiez comme un ogre. En Angleterre, ou tout du moins a la campagne en Angleterre, on est un ogre quand on ne va pas à l’église. Peu importe ce qu’on y fait, à ce qu’il me semble,