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— Je le crois, mon cher enfant. Mais Arthur te paraîtra bien changé, — bien changé ! Et le ton dont cela était dit donnait clairement à entendre que madame Wilkinson ne trouvait pas son fils changé en bien.

— Il aura sans doute vieilli, comme nous tous, dit Bertram en s’efforçant de rire.

— Il a vieilli, cela va sans dire. Mais en vieillissant, George, on devrait devenir meilleur, plus satisfait, surtout quand on a tout ce qu’on peut désirer au monde.

— Arthur n’est donc pas satisfait ? Il devrait bien se marier alors. Voilà Adela Gauntlet qui ferait bien son affaire.

— Pas de bêtises, George. Ne va pas lui mettre de ces idées-là en tête, je t’en prie. Et de quoi vivraient-ils ? Quant à Adela, si elle a quarante mille francs de dot, c’est le bout du monde. Et qu’est-ce que cela pour une famille ?

— Mais Arthur a sa cure.

— Voyons, George, ne va pas lui dire des choses pareilles, au moins. Dans un certain sens, il a une cure, car les choses sont organisées de telle sorte aujourd’hui que je ne puis pas être titulaire. Mais, en réalité, il n’a pas de cure — de cure à lui appartenant. Lord Stapledeam, que je regarderai toujours comme le premier gentilhomme d’Angleterre et l’honneur de notre aristocratie, m’a donné la cure, à moi personnellement.

— À vous, ma tante ?

— Oui, à moi, personnellement. Et je crains maintenant qu’Arthur ne soit mécontent parce qu’il sait que je compte être maîtresse chez moi. J’ai fait tout