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ne sais ce qu’en peut penser sir Henry, mais, quant à moi, je ne puis m’empêcher de trouver…

— Je vous en conjure, ma chère tante, ne me parlez plus de tout cela. Selon moi, mademoiselle Waddington a très-bien fait d’accepter sir Henry Harcourt, — c’est-à-dire, elle a très-bien fait, vu les circonstances. Il est un homme d’avenir, et elle est femme à occuper avec grâce la position la plus élevée. Je ne la blâme pas, pas le moins du monde ; je serais inexcusable de la blâmer.

— Sans doute, sans doute, — nous savons tous que c’est toi qui as rompu le premier ; tout le monde le sait. Mais c’est de l’argent du vieux bonhomme que je veux te parler, George. Il va sans dire que sir Henry compte là-dessus.

— Libre à lui.

— Et il en aura probablement une bonne part. Il faut s’y attendre ; elle est la petite-fille du bonhomme, — il y a longtemps que je sais cela — et derechef madame Wilkinson hocha la tête d’un air significatif. Mais, George, il faudra que tu surveilles ton oncle de près. Il ne faut pas que tu te laisses remplacer par Harcourt. J’espère que tu comptes être souvent à Hadley. Ce ne sera pas pour bien longtemps, tu sais.

Bertram ne daigna pas expliquer à madame Wilkinson qu’il n’avait aucune intention de retourner auprès de son oncle, et que la seule mention de son argent lui soulevait le cœur. Il se leva donc sans répondre et changea de conversation en disant combien il serait heureux de revoir Arthur.