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fait en famille. J’ai été bien peinée d’apprendre ta rupture avec Caroline. Là, réellement, cela m’a fait grand chagrin. C’eût été un mariage si convenable, par rapport au vieux, — je suis au courant de tout, tu sais, — et madame Wilkinson hocha la tête de cet air significatif que prennent certaines femmes quand elles se figurent en savoir plus long que leurs voisins.

— C’était indispensable, dit Bertram.

— Indispensable ! — Ah ! oui : peut-être bien. Je n’ai pas la moindre intention de te blâmer, George. Je suis sûre que tu es incapable de te mal conduire envers une jeune fille… et, d’après ce que j’ai entendu dire, je suis certaine — tout à fait certaine qu’il n’y a pas eu de ta faute. À vrai dire, je sais parfaitement que… et, au lieu d’achever sa phrase, madame Wilkinson se borna à hocher de nouveau la tête.

— Personne ne mérite de blâme, ma tante, — personne, je vous assure ; et le mieux serait de n’en plus parler.

— C’est bien à toi de dire cela, George, c’est très-bien de ta part. Mais je dirai toujours que…

— Ma chère tante, ne dites rien, de grâce. Avant de nous bien connaître, nous avions pensé, Caroline et moi, que nous nous conviendrions. Mais une plus ample connaissance nous a prouvé que nous nous trompions. Le mieux était donc de nous séparer ; c’est ce que nous avons fait.

— Elle va donc devenir lady Harcourt ?

— À ce qu’il paraît.

— Enfin ! elle n’a toujours pas perdu de temps. Je