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il se dit que ce serait lâche, et il resta, et il les lut là, toutes les deux, assis au milieu de ce cercle de famille. Elles étaient de Caroline et de Harcourt. Nous donnerons le pas à celle de Caroline ; mais Bertram fit le contraire. Il garda pour la fin la lettre qu’il savait devoir l’émouvoir davantage. Le contenu de ces deux lettres ne lui causa pas une surprise complète. En les voyant arriver ensemble, il avait deviné d’instinct ce qu’elles devaient lui apprendre. La lettre de Caroline était sans rature et très-lisible : mais qui sait combien de fois elle avait été recommencée ?


« Hadley, août 184…
« Mon cher monsieur Bertram,

« Je ne sais si je me trompe en croyant qu’il est de mon devoir de vous apprendre moi-même la décision que j’ai prise. Si cela n’était pas nécessaire, je suis persuadée que vous me pardonnerez, et que vous comprendrez que j’ai voulu bien agir. Sir Henry Harcourt m’a fait une offre de mariage que j’ai acceptée. Je pense que nous nous marierons avant la Noël.

« Nous sommes ici en visite chez mon grand-père. Je crois qu’il approuve ce que je fais, mais vous savez qu’il n’est pas fort communicatif. En tout cas, le mariage se fera ici, et je crois que sir Henry lui plaît. Ma tante Mary a pris son parti de la chose, maintenant.

« Je ne pense pas que je doive rien ajouter, si ce n’est que je ferai toujours, toujours, des vœux pour votre bonheur, et que je serais bien contente de vous