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il était souvent avec sa tante, et de cette façon elle s’accoutuma à le voir. Quand elle était là, il parlait de leurs affaires d’intérêt, du vieil oncle et de son testament (dans lequel le nom de sir Henry n’avait pas été mentionné) ; et, graduellement, ils en arrivèrent à parler sur des sujets plus élevés, à s’entretenir d’espérances et de nobles ambitions, et à chercher, malgré le triste passé, des consolations qui ne trompent point.

Elle lui parlait de lui-même, — comme s’il n’y eût eu entre eux d’autre lien que celui de la parenté. D’après les conseils de Caroline, George se remit de nouveau à étudier la jurisprudence. M. Die s’était retiré ; il comptait ses consolidés et il dégustait son vin d’Oporto dans une retraite pleine de charmes pour lui ; mais les instructeurs ne manquaient pas, et George n’eut qu’à choisir. Nous pouvons être sûrs qu’il n’étudia pas en vain.

Puis Adela, — madame Wilkinson, devrions-nous dire, — vint voir la tante et la nièce dans leur solitude. Personne ne sut ce qui se passa entre Caroline et son amie, mais l’effet en fut apparent. Celle qui avait été si cruellement éprouvée eut de nouveau le courage de se rendre à la maison de Dieu et de soutenir les regards du petit monde qui l’entourait. Elle se promena encore une fois dans les champs verdoyants, sous les rayons du soleil et parmi les fleurs parfumées, en louant Dieu, — car sa miséricorde est infinie.

Cinq ans s’étaient écoulés depuis la terrible nuit de la catastrophe à Eaton-Square, quand George Bertram demanda de nouveau à celle qui avait été jadis Caro-