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court le moins possible, pour le moment. Il se décida donc à ne pas se rendre à Eaton-Square.

Il était arrivé depuis une demi-heure à peine et il se disposait à sortir quand on frappa à sa porte, et, presqu’au même instant, le jeune notaire qui avait fait la lecture du testament entra vivement dans la chambre.

— Vous savez la nouvelle, monsieur Bertram ? dit-il.

— Non, vraiment ! Quelle nouvelle ? J’arrive.

— Sir Henry Harcourt s’est tué. Il s’est fait sauter la cervelle hier, chez lui, dans la nuit, après que tous les domestiques étaient couchés.

George Bertram retomba sans voix sur son siège et regarda le jeune homme sans paraître le comprendre.

— Ce n’est que trop vrai. Ce testament de M. Bertram lui a porté un coup terrible. Il sera devenu fou et maintenant il est mort.

C’était là la nouvelle qu’apportait le messager d’Eaton-Square. Entre George Bertram et M. Stickatit, la conversation ne pouvait être longue sur un pareil sujet. Celui-ci affirma qu’il tenait le fait de source certaine, et Bertram, une fois convaincu de la réalité de la catastrophe, ne se sentit pas disposé à communiquer ses impressions à M. Stickatit.

Il n’y avait pas grand’chose à faire, en ce qui le regardait, — pas tout de suite, du moins. La nouvelle avait été transmise à Hadley pour être communiquée à la personne qu’elle concernait le plus ; et Bertram comprit que ce n’était pas à lui qu’il appartenait de chercher à atténuer la violence du coup. Il n’avait rien à faire, — rien, pour le moment.