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n’était plus. Sa douce et paisible gaieté n’était plus de ce monde. Ses devoirs terrestres étaient tous accomplis. Il avait reçu le dernier baiser de sa fille ; il avait fermé pour la dernière fois le livre qui avait été le guide de toute sa vie ; il avait dit à Dieu sa dernière prière, et maintenant il reposait.

Dans cette mort, il n’y avait rien que le monde dût trouver très-triste. Il n’y avait eu ni souffrances physiques, ni déchirements, ni remords. Mais, pour Adela, ce coup si subit avait été très-douloureux.

Parmi ses chagrins, elle avait dû compter celui de chercher un nouvel intérieur. La maison d’un Anglais est son château fort, dit-on, et le presbytère d’un curé l’est tout aussi bien pour lui que peut l’être pour le duc et pair sa demeure seigneuriale ; mais il y a cette différence, que le droit au château fort cesse pour la famille aussitôt que le prêtre meurt. Si elle demeure sous le toit familier une seule nuit, c’est par tolérance. Adela devait naturellement vivre à l’avenir avec sa tante, mademoiselle Pénélope Gauntlet ; mais il se trouva que celle-ci, au moment de la mort de son frère, voyageait en Italie. On ne savait pas au juste son adresse, et, en attendant, il était absolument nécessaire qu’Adela trouvât un asile où elle pourrait se reposer. Caroline Waddington et sa tante lui écrivirent l’une et l’autre. Malheureusement elles étaient à Hadley ; mais elles offraient de retourner à Littlebath si Adela voulait les y rejoindre. C’était là un véritable acte de dévouement de leur part, comme on le verra tout à l’heure. Mais Adela savait la situation où elles se trou-