comme sir Lionel haïssait en ce moment son frère mort !
Le pauvre Pritchett souffla et soupira de nouveau. « Hélas ! se dit-il, plus de douze millions de perdus ! perdus net ! Mais il n’a jamais voulu m’écouter ! »
Quant à George, il se dit que désormais peu lui importait qu’on le regardât ou qu’on le plaignît. Tout était pour le mieux, et le testament était ce qu’il devait être. Il n’aurait pas désiré, en cet instant, qu’il fût autre que le vieillard ne l’avait fait. Après toutes les querelles, malgré les paroles emportées et les pensées hostiles auxquelles ils s’étaient livrés à l’égard l’un de l’autre, il était évident que son oncle lui avait rendu justice. Il saurait écouter sans émotion le reste du testament.
Il y avait différents legs à des gens de la Cité, mais aucun n’était fort considérable : douze mille francs à l’un, vingt-cinq mille francs à un autre, mille francs à un troisième, et ainsi de suite. Puis vint la substance même du testament, — le véritable testament, en un mot.
M. George Bertram exprimait la volonté qu’après le payement de ses dettes et des legs que nous avons énumérés, ses biens de toute nature fussent remis entre les mains de ses exécuteurs testamentaires pour être par eux employés à bâtir et à doter un hospice et un collège qui porterait le nom de « Collège Bertram, » lequel collège serait destiné à l’éducation des enfants des poissonniers de la Cité de Londres, tandis que l’hospice servirait d’asile aux veuves de poissonniers morts