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moiselle Baker lui disait souvent que la loi la contraindrait à retourner auprès de son mari ; qu’elle serait obligée de reprendre possession de sa maison d’Eaton-Square, et d’y vivre de nouveau comme l’opulente épouse du politique heureux. À cela Caroline n’avait répondu que peu de mots ; mais ce peu de mots avaient été dits de façon à remplir mademoiselle Baker d’épouvante. Rien, rien au monde, avait dit lady Harcourt, ne l’engagerait à retourner auprès de son mari.

— Mais si vous n’avez aucun moyen de l’éviter, Caroline ?

— Je saurai l’éviter. Je trouverai un moyen d’empêcher du moins cela… Puis, elle s’était tue ; et mademoiselle Baker, pleine de prévisions sinistres, avait répété ces paroles à George Bertram.

Ce ne fut que la veille de l’enterrement que Caroline aborda ce sujet avec son cousin.

— George, lui dit-elle, pourrons-nous vivre ici ? Pourrons-nous conserver cette maison ?

— Vous et mademoiselle Baker, voulez-vous dire ?

— Oui, ma tante et moi. Nous y serons aussi tranquilles qu’ailleurs, et je suis maintenant habituée aux gens d’ici.

— Cela dépendra du testament. La maison était à mon oncle, mais mademoiselle Baker pourra probablement la louer.

— Nous serons assez riches pour cela, je suppose ?

— Je l’espère. Mais personne ne sait rien encore. Toute votre fortune, — ou du moins, tout le revenu de votre fortune est entre les mains de sir Henry.