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lecture. Il se crut obligé d’en appeler deux, auxquelles il savait pourtant qu’elle porterait un grand coup. En premier lieu, son père, sir Lionel, dont les besoins d’argent étaient de plus en plus urgents. Il était convenable qu’il fût présent, bien que l’ouverture du testament dût être pour lui un moment rien moins qu’agréable. Puis il y avait sir Henry. Il devait être convoqué aussi, cela allait sans dire, quelque pénible que ce pût être pour sa femme de quitter la maison mortuaire à ce moment. Du reste, sir Henry n’attendit pas d’être invité, et il écrivit pour annoncer son arrivée avant d’avoir reçu le billet de George. On convoqua également M. Pritchett et le notaire de M. Bertram.

Puis, ces arrangements terminés, la pensée des vivants se reporta du mort sur eux-mêmes. Comment ces trois personnes, qui aujourd’hui vivaient si unies dans cette maison, arrangeraient-elles désormais leur vie ? Où habiteraient-elles ? La tendresse fraternelle de George pour sa cousine était fort bien en théorie ; il était bon de dire que le passé était oublié ; mais, en réalité, il est des choses dont aucune mémoire ne se dessaisit jamais. Caroline et lui s’étaient aimés d’un autre amour que celui de frère et de sœur, et tous deux comprenaient qu’ils ne devaient pas vivre sous le même toit. Il fallait discuter toutes ces choses, et il était difficile de le faire sans aborder des sujets défendus.

Caroline avait résolu de vivre de nouveau avec sa tante, — c’est-à-dire elle avait résolu de le faire si son mari n’avait pas le pouvoir de l’en empêcher. Made-