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faire grand’chose, comme vous voyez, mais je tâcherai d’écouter.

— Vous ne pouvez pas être surpris que je sois inquiet au sujet de ma femme ?

— Hum ! fit M. Bertram. Il paraîtrait pourtant que vous ne l’avez pas très-bien traitée.

— Qui dit cela ?

— Une femme qui serait bien traitée ne quitterait pas une belle maison à Londres pour venir s’enfermer ici avec un vieillard malade. Je n’ai besoin de personne pour me le dire.

— Je ne puis guère vous expliquer tout cela, monsieur, surtout…

— Surtout puisque je me meurs. C’est vrai, vous, ne le pouvez pas. George, donne-moi un verre de cette drogue. Je suis bien faible, sir Henry, et je ne pourrai plus vous dire grand’chose.

— Je ne vous ferai qu’une seule question, monsieur. Avez-vous fait quelques dispositions en faveur de votre petite-fille ?

— Des dispositions en sa faveur ? Le mourant s’efforça vainement de donner à sa voix la sinistre et stridente intonation qui, quelques années auparavant, aurait terrifié tout individu qui se serait avisé de lui adresser une semblable question.

— Quelle sorte d’homme est-ce donc, George, pour qu’il vienne me faire une pareille question à cette heure ? Et, en disant ces mots, il tâcha de ramener à lui les couvertures, comme s’il voulait mettre un terme à la conversation.