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chait à son déclin. Les épiciers de Paris commençaient à se lasser de ce roi-citoyen si paternel, qui, malgré son costume bourgeois et son parapluie familier, savait s’occuper, comme tout autre souverain, de fortifications, de soldats et d’impôts de guerre, et qui semblait croire que parmi les vieilles maximes des vieilles couronnes il en était plus d’une qui pourrait s’appliquer avec avantage pour la chose publique. Pauvres épiciers ! une trop grande prospérité les avait rendus difficiles. Six mois après que Louis-Philippe eut quitté les Tuileries, que n’auraient-ils donné pour le voir revenir ?

De nouveau ils sont contents. L’élément épicier, qu’on peut, en somme, considérer comme dominant à Paris, est de nouveau enguirlandé et couronné de roses. Les guirlandes, il est vrai, serrent un peu, — car même des liens de roses peuvent être assez fortement tressés pour qu’on ne puisse les briser — mais si un souverain peut faire en sorte que le sucre et la chandelle se vendent et se payent, que peut désirer de plus l’élément épicier ? Quoi de plus, si, après avoir vendu sa quantité quotidienne de sucre et de chandelle, il peut aller au café ou au théâtre, et prendre des glaces ou de la bière ? Depuis que le monde a ouvert les yeux et a commencé à comprendre, a-t-on désiré autre chose ? Que faut-il à l’homme, à l’homme-épicier ? Panem et circenses : — une soupe qui ne soit pas trop maigre, une place à la Porte-Saint-Martin qui ne coûte pas trop cher. Est-ce que cela ne résume pas tout ?