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répondit madame Wilkinson, qui n’aimait point à arrêter sa pensée sur la gêne de son fils, sa conscience lui reprochant parfois les huit mille francs qu’elle prélevait annuellement sur lui.

— Je crois que je réussirai à avoir des élèves, continua Arthur ; si j’en avais seulement deux, à trois mille cinq cents francs chacun, nous pourrions encore vivre très-confortablement.

— Mais peut-être qu’Adela n’aimera pas à avoir des élèves dans la maison ?

— Oh ! ma mère, vous ne connaissez pas Adela. Jamais elle ne s’opposera à une chose parce qu’elle lui déplaît personnellement.

On invita Adela à venir à Hurst-Staple, et elle accepta tout de suite. Elle laissa voir ouvertement, et sans mauvaise honte, le plaisir qu’elle avait à y être. Elle aimait l’homme qu’elle allait épouser, — elle l’aimait depuis longtemps et maintenant il lui était permis de montrer son amour. Il était de son devoir aujourd’hui de lui dire cet amour, et de lui déclarer avec de tendres paroles qu’elle ferait tous ses efforts pour lui aplanir la route de la vie. Elle devait chercher à le rendre heureux, elle devait partager ses peines, et ne faire qu’un cœur avec lui. Elle pensait que dès lors la chose était autant de son devoir qu’elle le serait plus tard quand, selon les commandements de Dieu, elle serait devenue la chair de sa chair et les os de ses os.

Sophie et Mary Wilkinson s’étaient montrées presque hostiles à Adela et n’avaient pas cru devoir féliciter cordialement leur frère de son mariage, tant que