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l’avait vu ; ses cheveux aussi avaient blanchi. Quant à ses yeux, ils parurent à madame Wilkinson aussi vifs et aussi rouges que ceux d’un furet.

Lorsqu’elle entra, il se souleva un peu et du geste lui désigna une chaise.

— Eh bien ! madame, qu’est-ce que c’est toute cette histoire du presbytère de Hurst-Staple ? Je n’y comprends rien, quant à moi.

— Non, mylord, sans doute. Vous ne pouvez pas la comprendre, je le sais. C’est pour cela que j’ai cru qu’il était de mon devoir de venir de si loin pour vous l’expliquer.

— De si loin ? D’où venez-vous donc ?

— De Hurst-Staple, mylord, dans le comté de Hampshire. Quand vous eûtes la bonté de régler ma position dans ma paroisse…

— Votre position dans la paroisse ?

— Oui, mylord, quant aux revenus et au presbytère…

— Que veut dire cette femme ? dit tout haut le marquis sans lever les yeux. Sa position dans la paroisse ? Mais, madame, je ne connais ni vous, ni votre position, ni vos affaires d’aucune sorte.

— Je suis la veuve du défunt ministre, lord Stapledean, et lorsqu’il mourut…

— Je fus assez sot pour donner la cure à son fils. Je me rappelle tout cela. C’était un homme très-imprudent, qui dépensait plus qu’il n’avait, et qui mourut en vous laissant sans le sou, vous autres ; n’est-ce pas cela ?