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sir de la porter tout de suite à mylord, répéta-t-elle de son ton le plus impérieux.

Le domestique prit la carte, et madame Wilkinson attendit un quart d’heure à la porte, assise dans sa chaise de poste. Au bout de ce temps, il revint lui annoncer qu’elle devait le charger de son message pour le marquis. « Mylord avait donné ordre à la concierge de ne pas la laisser entrer, et il ne comprenait pas comment la dame eût pu arriver, malgré ses ordres, jusqu’à la porte du château. En tout cas, il ne voulait pas la voir avant de savoir ce qu’elle avait à lui dire. »

Or, il était tout à fait impossible que madame Wilkinson expliquât en détail, au maître d’hôtel de lord Stapledean, son affaire si compliquée, et pourtant elle ne pouvait se décider à s’en aller sans tenter un dernier effort.

— Il s’agit du presbytère de Hurst-Staple, — du presbytère de Hurst-Staple, répéta-t-elle pour bien graver les mots dans la mémoire du vieux domestique. Ne l’oubliez pas surtout. Le maître d’hôtel lui jeta un regard d’ineffable mépris et disparut, la laissant toujours dans sa chaise de poste.

Une ondée d’avril survint, — une ondée comme il n’en tombe que sur les frontières du Westmoreland. Le vent se mit à souffler avec violence, et la pluie se changea bientôt en giboulée. Le postillon se réfugia sous le portique d’entrée et boutonna sa veste ; les chevaux baissèrent la tête en frissonnant ; quant à madame Wilkinson, elle aurait donné tout au monde pour être chez elle à Hurst-Staple, ou même confor-