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qu’il était très-possible qu’elle reviendrait coucher le soir à l’auberge.

— C’est très-possible, en effet, se dit tout bas l’aubergiste.

— Et vous mangerez un morceau avant de vous mettre en route, n’est-ce pas, madame ? dit-elle tout haut. Non ; il n’était que midi, et madame Wilkinson serait bien sûr au château de Bowes un peu après une heure. Elle avait encore assez de confiance en l’hospitalité de lord Stapledean pour se croire assurée de son lunch. Quand un visiteur arrivait au presbytère de Hurst-Staple vers cette heure-là, n’avait-elle pas toujours quelque chose à lui offrir ? Elle se mit donc en route.

On était au mois d’avril, mais, même au mois d’avril, sur cette lande sans abri de la route du Nord, il fait très-froid. Il était impossible de voir un pays plus inhospitalier que celui où se trouvait la pauvre madame Wilkinson. Il était nu, désert et si découvert, que les coups de vent du nord le balayaient d’un bout à l’autre. Enfin, elle arriva à la grille du parc de lord Stapledean.

— C’est-il vous celle qui a envoyé la lettre ? dit la concierge en entr’ouvrant un peu la grille.

— Oui, ma bonne femme, oui, dit madame Wilkinson qui se croyait au bout de ses peines, c’est moi la dame ; je suis madame Wilkinson.

— Eh bien, alors, mylord dit comme quoi vous devez lui faire dire ce que vous lui voulez, ajouta la