Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/378

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

deux jours à l’avance pour lui annoncer qu’il était nécessaire qu’elle eût avec lui une entrevue au sujet des affaires de la cure ; elle avait donc tout lieu de penser que sa visite n’était pas inattendue. Quand elle arriva à Bowes, elle était très-fatiguée, et, il faut le dire, assez effrayée des dépenses du voyage. Jusqu’alors elle avait fort peu voyagé seule, et ne se doutait pas du prix des hôtels, des chemins de fer, des diligences et des chaises de poste. Mais enfin elle était arrivée, et elle se trouvait dans la petite auberge où Arthur était descendu lorsqu’il avait fait le même voyage quelques années auparavant.

— Sans doute, la dame peut avoir une chaise de poste, cria la maîtresse d’auberge du fond de la salle commune. — Et pour sûr, lord Stapledean est chez lui. Il n’en bouge guère, que je sache.

— C’est à un quart de lieue d’ici, n’est-ce pas ? lui demanda madame Wilkinson.

— À deux grandes lieues et demie, madame.

— Deux lieues et demie ! mon Dieu ! mon Dieu ! De ma vie je n’ai été si fatiguée ! Vous trouverez bien moyen de caser ma malle derrière la chaise de poste, n’est-ce pas ?

— Oui, madame, certainement. Vous êtes donc pour rester au château ?

À cette question, madame Wilkinson fit une réponse ambiguë. À mesure qu’elle se rapprochait du terme, elle sentait sa confiance faiblir. Elle se décida enfin à faire exactement ce que son fils avait fait jadis. Elle prit avec elle sa malle, mais elle dit, en s’en allant,