Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/366

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

loin de là ; mais je sais qu’autrefois vous m’aimiez comme une amie, j’ose maintenant vous demander de m’aimer comme ma femme.

« Chère, très-chère Adela ! Il m’est permis de vous appeler ainsi dans ce moment, quand bien même je devrais y renoncer à l’avenir. Si vous consentez à partager ma vie, je vous donnerai tout ce que l’amour peut offrir, — mais je n’ai guère que cela à donner. Vous savez quelle serait notre position. Ma mère a droit, sa vie durant, à huit mille francs de pension prélevés sur le revenu de la cure, et, si je lui survis, il faudra, bien entendu, que je pourvoie à l’entretien de mes sœurs. Mais je compte expliquer à ma mère qu’elle fera mieux d’aller vivre ailleurs qu’ici. Ce ne sera pas chose facile à lui faire comprendre, mais je suis sûr que j’ai raison. Je lui dirai demain que je vous ai écrit cette lettre. Je crois qu’elle s’en doute, bien que je ne lui en aie pas encore parlé ouvertement.

« Je n’ai pas besoin de vous dire combien je serai tourmenté jusqu’à ce que j’aie votre réponse. Je n’espère pas la recevoir avant jeudi matin ; mais, si cela vous est possible, je vous en prie, faites que je l’aie alors. Si votre réponse m’est favorable, — mais je n’ose pas y compter, — je serai à Littlebath lundi soir. Croyez que je vous aime bien tendrement.

« Tout à vous, chère Adela,
« Arthur Wilkinson. »


La tante Pénélope était une femme si matinale, qu’Adela et elles avaient presque toujours quitté la table du