Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/362

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Encore un an ! Il me convient d’y rester dix ans, si Dieu m’accorde de vivre si longtemps ! Petite vipère ! va ! Tout ceci vient d’elle, j’en suis sûre. Et moi qui l’ai réchauffée dans mon sein après la mort de son père.

— Il est tout à fait impossible qu’Adela y soit pour quelque chose, car jamais il n’en a été question entre nous. Je crois que vous vous faites une très-fausse idée de ma position vis-à-vis d’Adela. Je n’ai pas la moindre raison d’espérer d’elle une réponse favorable.

— Bah ! Petite vipère ! répéta madame Wilkinson, de plus en plus courroucée. Pourquoi les mères de famille sont-elles toujours si furieuses lorsqu’elles apprennent que des jeunes filles — qui ne sont pas leurs filles — ont eu des offres de mariage ? Et pourquoi sont-elles doublement furieuses quand ce sont leurs fils qui les font ?

— Vous me ferez beaucoup de peine si vous parlez mal d’Adela, dit Arthur.

— As-tu jamais songé à te demander ce que deviendront ta mère et tes sœurs quand tu les auras mises à la porte, et où elles iront vivre ? reprit madame Wilkinson.

— Littlebath, murmura timidement Arthur.

— Littlebath ! s’écria madame Wilkinson avec tout le dédain qu’elle put concentrer sur ce seul mot. À Littlebath, vraiment ! Il faut sans doute que je m’arrange de la tante, puisque tu trouves bon de l’approprier la nièce. Mais je n’irai pas à Littlebath pour