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doute était permis. La manière d’être de son neveu le touchait profondément. Sa voix, son regard, la douleur peinte sur son visage, tout le touchait, mais il n’en tirait qu’une conclusion : c’était que quelques centaines de mille francs ne suffiraient pas. Il se sentait enfin au cœur un désir, un vif et affectueux désir de famille à satisfaire, et il se disait qu’il fallait, ou renoncer à ce désir, ou se décider à enchérir jusqu’à ce qu’il en obtînt l’accomplissement.

— George, reprit-il, après tout, Caroline et toi vous êtes mes plus proches parents, — mes plus proches et mes plus chers parents.

— Caroline est l’enfant de votre propre fille, mon oncle.

— Mais elle n’est qu’une fille, et tout mon bien irait à quelque prodigue, dont le nom même ne serait pas le mien. De plus, je crois vraiment que je t’aime plus qu’elle. Écoute ceci : d’après mon testament actuel, les neuf-dixièmes de ma fortune devront être employés à la construction d’un hôpital qui portera mon nom. Tu ne répéteras cela à personne, n’est-ce pas ?

— Non, certes !

— Si tu fais ce que je veux en ce qui touche ce mariage, je referai mon testament, et je te laisserai, à toi et à tes enfants… Voyons, tu fixeras toi-même la somme que tu veux. Voilà !… et tu verras le testament avant que le mariage ait lieu.

— Que lui répondre, mon Dieu ? que lui répondre ? dit George en détournant la tête. C’est impossible,