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Cette exclamation parut plus douce aux oreilles d’Arthur que la plus belle musique du monde, et il se reprit à parler avec plus de courage de ses projets.

— Voyez-vous, ma mère, dans la position où je me trouve je ne dois pas m’attendre à voir augmenter mon revenu, et par conséquent je ne serai jamais mieux en état de me marier qu’aujourd’hui.

— Mais, tu pourrais épouser une fille qui t’apporterait quelque chose ; voilà, par exemple, mademoiselle Glunter…

— Mais il se trouve que c’est Adela que j’aime et non mademoiselle Glunter.

— Que tu aimes ! Mais, bien entendu, tu n’en feras jamais qu’à ta tête. Tu es majeur, par conséquent, s’il te plaisait d’épouser la cuisinière, je n’y pourrais rien. Je voudrais seulement savoir où tu comptes vivre ?

— Mais ici, bien entendu.

— Quoi ! dans cette maison ?

— Évidemment ; il faut bien que je vive dans le presbytère, puisque je suis le ministre de la paroisse.

Madame Wilkinson se redressa de toute sa hauteur, remit ses lunettes sur le nez et regarda les papiers qui étaient devant elle ; puis, elle ôta de nouveau ses lunettes, et, fixant ses yeux sur son fils, elle dit :

— Penses-tu qu’il y ait place dans la maison ? Je crains que tu ne prépares bien des ennuis à Adela. Où trouvera-t-elle une chambre d’enfants, je te le demande ? Mais tu n’as pas songé à tout cela…

Elle se trompait fort, et Arthur y avait très-souvent