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— J’en doute fort, dit la prudente Sophie.

Madame Wilkinson avait entendu cette conversation et elle la rumina longuement. Elle ne dit rien dans le moment et renferma son chagrin au plus profond de son cœur ; mais le soir, ayant trouvé Arthur tout seul dans la bibliothèque, elle lui dit :

— Tu ne parlais pas sérieusement tout à l’heure à propos d’Adela, n’est-ce pas, Arthur ?

— Pardon, ma mère ; je parlais très-sérieusement.

— Je te dirai qu’elle n’a presque pas été à Littlebath depuis que sa tante est revenue d’Italie tout exprès pour elle. Elle a été en visite chez nous, chez les Harcourt à Londres, et, après la catastrophe, à Hadley. Ce ne serait vraiment pas bien agir envers mademoiselle Pénélope Gauntlet que de l’inviter encore.

— Je ne crois pas que cela fasse grand’chose à mademoiselle Pénélope Gauntlet, et quand même…

— Et puis, vois-tu, dans ce moment, tout mon temps se trouve pris. J’ai l’école à surveiller, les pauvres de la paroisse à visiter…

— Adela irait voir les pauvres avec vous.

— Franchement j’aime mieux qu’elle ne vienne pas dans ce moment, à moins cependant que tu n’aies quelque raison très-particulière pour le désirer.

— Eh bien ! oui, j’ai des raisons très-particulières. Mais si vous préférez qu’elle ne vienne pas ici, j’irai la voir à Littlebath.

La conversation en resta là pour cette fois, mais la bataille se trouvait décidément engagée. Madame Wilkinson ne pouvait se méprendre sur ce que son fils