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tram qui croyait en être heureux. Et pourtant, son cœur se serrait à cette pensée.

« Cela a passé comme un rêve, pensait de son côté lady Harcourt ; et il va retrouver le bonheur. » Elle aussi cherchait à se consoler par cette réflexion ; mais la consolation était bien triste.

George ne quittait presque plus son oncle. Les deux premiers jours se passèrent sans qu’il fût de nouveau question d’argent. M. Bertram semblait avoir pris son parti de laisser les choses dans l’état où elles étaient, et son neveu n’avait aucune intention d’aborder le sujet pour son propre compte.

Le vieillard lui montrait pourtant plus d’affection qu’auparavant ; il semblait l’aimer mieux que personne, et il lui faisait à tout moment promettre de faire certaines choses après sa mort, — d’accomplir certaines volontés dernières.

— Les choses sont peut-être mieux comme elles sont, George, dit M, Bertram à son neveu, un jour que celui-ci était, resté fort tard auprès de son lit.

— J’en suis convaincu, mon oncle, répondit George, sans se douter toutefois de quelles choses son oncle entendait parler.

— Tous les hommes ne peuvent pas être semblables, continua le malade.

— Non, mon oncle ; il faut qu’il y en ait de riches, et qu’il y en ait de pauvres.

— Et tu préfères être parmi ces derniers !

George n’avait jamais rien dit de pareil, et il lui