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— Oui, et envoie-moi Mary.

— Et pourrai-je revenir vous voir demain ?

— Comment ! n’ont-elles pas un lit à le donner dans la maison ?

Bertram, troublé, répondit vaguement qu’il n’en savait rien. Mais en définitive, avant de prendre congé du malade, il lui promit de rester. Il se fit donc donner une chambre, y fit porter son sac de nuit, et se décida à ne quitter la maison que lorsque tout serait fini.

C’était un étrange intérieur que celui de Hadley, dans ce moment-là. Le vieillard, étendu sur son lit, attendait la mort d’un jour à l’autre, et il était entouré, ainsi que cela semblait naturel, de ses plus proches parents. Il n’aurait pas toléré la présence de son frère ; mais sa petite-fille était auprès de lui, et son neveu, et celle qu’il avait toujours regardée comme sa nièce. Rien ne paraissait plus convenable ; néanmoins, George et Caroline sentaient qu’il n’était point convenable, en réalité, qu’ils fussent ainsi réunis.

Cependant la gêne du premier moment s’effaça bientôt. Ils apprirent à rester dans la même chambre, à causer de celui que les circonstances présentes rendaient l’objet de toute leur sollicitude, sans faire d’allusion au passé. Ils ne parlaient que du mourant, et ne s’adressaient de questions qu’à son sujet. Bien qu’ils fussent souvent seuls pendant que mademoiselle Baker était auprès de M. Bertram, ils ne se laissèrent plus jamais entraîner au délire insensé de cette dernière scène d’Eaton-square.

« Elle n’y songe plus maintenant, » se disait Ber-