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jours que cinq cents francs ne se trouvent pas si facilement. Et puisque te voilà, George, il vaut autant que je te parle de mon argent.

George pria son oncle de ne pas se préoccuper d’un pareil sujet, pour le moment ; mais ce n’était pas là le moyen d’apaiser le malade.

— Et si je n’en parle pas maintenant, quand donc en parlerai-je ? Laissez-nous, Mary… Mais voyons… revenez dans vingt minutes. Ce que j’ai à dire ne sera pas long.

— George, dit l’oncle, quand mademoiselle Baker eut quitté la chambre, je me demande si réellement tu tiens à l’argent ? Quelquefois je suis tenté de croire que non.

— Je ne crois pas que j’y tienne beaucoup, mon oncle.

— Alors, tu es un fier imbécile.

— C’est ce que j’ai souvent pensé dans ces derniers temps.

— Oui, un fier imbécile. On prêche, on parle, on écrit contre l’argent, et l’on fait de gros mensonges contre lui ; mais ne vois-tu pas que tout le monde court après ? Les prêtres en disent tous du mal ; mais en as-tu jamais connu un seul qui n’aurait pas fait un procès pour obtenir sa dîme ? As-tu ouï parler d’un évêque qui refusât ses redevances ?

— Je l’aime bien assez, moi aussi, je vous assure, pour prendre tout ce que je gagne.

— Ce n’est pas grand’chose, à ce qu’il me semble,