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tendez, pour vous protéger, tels pièges que vous voudrez : malgré vous, j’aurai tout ! Quand je veux prendre, personne ne peut me retenir ! » C’était ainsi que le vieillard avait regardé les hommes pendant toute sa longue vie, et de même il regardait encore, à cette heure, son neveu et sa nièce, qui se tenaient auprès de son lit pour adoucir ses derniers moments.

— Je suis peiné de vous voir ainsi, dit George en posant sa main sur celle de son oncle, qui était étendue sur le lit.

— Merci, George, merci. Lorsque les hommes deviennent aussi vieux que moi, ils n’ont rien de mieux à faire que de mourir. Tu as donc été en Égypte, à ce qu’il paraît. Que penses-tu de l’Égypte ?

— C’est un pays, mon oncle, où je n’aimerais guère à vivre.

— Ni moi à mourir, d’après tout ce que j’en entends dire. Enfin, tu arrives tout juste à temps pour le dernier souffle, — tout juste à temps, mon garçon.

— J’espère bien que vous n’en êtes pas là, mon oncle.

— Si fait, si fait. Combien de temps cet homme m’a-t-il donné à vivre, Mary, — l’homme qui a eu les cinq cents francs ? Ils ont donné cinq cents francs à un individu pour venir me dire que j’allais mourir ! comme si j’avais besoin de lui pour savoir cela !

— Nous avons cru bien faire, George, en appelant le meilleur médecin, dit la pauvre mademoiselle Baker.

— Quelle bêtise ! dit le vieillard, qui retrouva presque sa voix d’autrefois. Vous apprendrez un de ces