Page:Trollope - Les Bertram, volume 2.djvu/344

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la voir traiter en membre de la famille ; de la retrouver préoccupée des mêmes intérêts que lui, liée par les mêmes devoirs, désireuse de soulager les mêmes souffrances ! Elle avait dit qu’ils devraient vivre aux deux extrémités de la terre, et voilà que le sort impitoyable les rapprochait de nouveau ! Comme George se disait cela, la porte s’ouvrit doucement et Caroline se trouva debout devant lui.

Elle aussi était bien changée. Sa beauté ne s’était pas fanée, les lignes de son visage n’étaient point altérées, mais sa démarche et ses manières étaient plus posées, ses vêtements aussi étaient bien plus simples, de sorte que, tout en restant aussi belle que jadis, elle semblait certainement plus âgée que lorsque Bertram l’avait vue la dernière fois. Elle avait maigri, et elle portait une robe de soie gris clair qui la faisait paraître plus grande et plus pâle que par le passé.

Elle s’approcha de lui, et, lui tendant la main, elle lui dit deux ou trois mots qu’il n’entendit pas. George murmura à son tour quelque chose qu’elle ne comprit pas davantage ; et ce fut tout. Ainsi se passa cette première entrevue à laquelle il avait tant pensé depuis quelques heures, qu’il en avait presque oublié son oncle.

— Mon oncle sait-il que je suis ici ?

— Oui. Il faut que vous montiez chez lui. Vous connaissez sa chambre ?

— C’est la même qu’autrefois ?

— Oui, oui ; la même.

Alors George monta l’escalier, comme on le fait