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— Rien, rien du tout. Puisque notre mariage est hors de question, nous n’avons pas besoin de revenu. Je ne suis pas marié, et je ne le serai probablement, jamais, mon revenu actuel me suffira donc.

— Je te donnerai… Voyons un peu… Et le vieil avare — car c’était un avare, bien qu’il fût capable d’une grande générosité, ainsi que l’avait prouvé sa conduite pendant l’enfance de son neveu — le vieil avare refit le compte de tout ce qu’il avait déjà donné à George, et se mit à calculer quel était le plus bas prix, la plus minime somme d’argent comptant qu’il lui faudrait donner pour obtenir ce qu’il désirait tant. — Je te donnerai cent mille francs le jour de votre mariage. Cela vous fera deux cent cinquante mille francs, sans compter ton revenu personnel et ce que pourra te rapporter ta profession.

— Que voulez-vous que je vous dise, mon oncle ? Je sais combien vous êtes généreux, mais ce n’est point ici une question d’argent.

— Et qu’est-ce donc alors ?

— Nous ne serions pas heureux ensemble.

— Pas heureux ensemble ! Mais je vous dis, moi, que vous serez heureux ; vous serez heureux si vous avez de quoi vivre. Rappelle-toi aussi qu’à ma mort je vous laisserai encore peut-être quelque chose. C’est-à-dire, je le ferai si je suis content de vous, car il est bien entendu que je ne m’engage à rien.

— Mon cher oncle, dit George en se levant et en allant prendre la main du vieillard, on ne vous demande aucun engagement, on ne vous demande rien.