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peut-être un prix excessif, mais dont la perte ne blesse, en somme, que leur amour-propre. Ce qui lui importait avant tout, c’était de conserver sa position ; et dans ce but il avait commis la plus grande des fautes politiques : il s’était obstiné à rester au pouvoir après qu’on n’avait plus besoin de lui. Malgré tout, il avait dû quitter sa place. Bertram avait entendu dire cela de droite et de gauche, même avant de quitter Southampton.

La première chose qu’il fit en arrivant à Londres fut d’aller voir M. Pritchett.

— Oh ! monsieur George ! monsieur George ! s’écria le digne homme dès qu’il aperçut Bertram. Jamais son ton n’avait été aussi lugubre, ni sa voix aussi lamentable. — Oh ! monsieur George !

Bertram demanda avec un affectueux intérêt des nouvelles de son oncle.

— Oh ! monsieur George ! vous ne devriez pas vous en aller comme cela dans les pays étrangers ; vrai ! vous ne le devriez pas… et lui dans un pareil état !

— Est-il plus mal que lorsque je l’ai vu la dernière fois, monsieur Pritchett ?

— À son âge on ne guérit pas souvent, monsieur George, — ni au mien non plus. Cela fait douze millions et demi d’argent ; douze — millions — et — demi — d’argent ! Mais à quoi bon vous parler, monsieur ? Cela n’a jamais servi de rien, — jamais.

Bertram apprit peu à peu de Pritchett que son oncle était beaucoup plus faible ; qu’il avait eu une seconde et bien plus grave attaque de paralysie, et qu’au dire