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qui se trouvait tout à coup réduit à se disculper.

— Une femme ne l’aime pas davantage, monsieur Biffin ; mettez-vous bien cela dans la tête.

— En tout cas, il y a assez longtemps que vous me punissez.

— Moins longtemps que vous ne le méritiez. Vous avez dit au docteur O’Shaughnessy que « tout cela c’était bon pour s’amuser pendant le voyage. » J’espère que votre amusement vous plaît maintenant. Le mien m’a fort divertie, je vous assure.

— Je n’ai pas si mauvaise opinion de vous, que de croire que vous vous souciez de cet olibrius.

— Il y a pis que lui en ce monde, monsieur Biffin. Mais enfin, j’ai eu ma vengeance, et maintenant, si vous avez quelque chose à me dire, je suis prête à vous entendre.

— Je n’ai qu’une chose à dire, Annie ; c’est que je vous aime mieux que femme au monde.

— J’en croirai ce que je voudrai.

— Vous pouvez tout croire. Tenez, voici ma main.

— Allons ! il faut vous pardonner, je suppose. Voici la mienne. Êtes-vous content ?

Le major Biffin était le plus heureux dès hommes, et madame Cox, de son côté, en rentrant dans sa cabine pour la nuit, ne se sentit pas mécontente de sa journée. Elle avait en poche, et par écrit, l’offre de mariage du major ; elle l’avait montrée à madame Price et s’était complètement réconciliée avec cette dame.