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du docteur O’Shaughnessy. Madame Bangster avait promis au vieux monsieur Price de veiller sur sa belle-fille pendant le voyage, et celle-ci jugea qu’il serait bon d’aller retrouver madame Bangster avant d’arriver à Southampton. On venait de dépasser Gibraltar. Donc, ce jour-là, le siège habituel de madame Price resta vacant, et Wilkinson, en jetant un regard sur la longue rangée de tables, vit qu’on lui avait fait une place à côté du docteur. De l’autre côté était assis le capitaine Mac Gramm, malgré la surveillance maternelle de madame Bangster et l’existence de sa femme légitime. Le lendemain, le capitaine se promenait sur le pont avec madame Price comme s’il eût été encore par delà l’isthme de Suez.

On était à la veille de l’arrivée. Madame Cox conservait toujours sa place auprès de Bertram, bien qu’elle n’eût plus d’autre femme pour lui tenir compagnie, et elle se promenait encore avec lui bras dessus, bras dessous, sur le pont, comme nous l’avons dit. Mais ils ne se parlaient plus si bas, leurs paroles n’étaient plus si douces, et, s’il faut tout dire, l’humeur de la dame n’était plus si égale. S’il allait se trouver qu’elle avait perdu toutes les belles occasions que lui avait offertes le voyage ! Si, entre ces deux prétendants, elle allait rester veuve ! Elle commençait à croire qu’il était temps de conclure avec l’un ou l’autre, — avec celui-ci malgré sa pauvreté, ou avec celui-là malgré sa nullité.

Le soir était venu, le dernier soir. On avait aperçu les côtes du Devonshire, et le lendemain matin on entrerait dans les eaux de Southampton. Les dames