dis franchement ; j’aime bien mieux être ici à causer avec vous et à vous regarder.
— Allons donc ! quelle folie ! Je ne comprends pas qu’on trouve une femme quelconque passable à bord, et, à plus forte raison, une femme comme moi. Je sais que vous mourez d’envie d’être chez vous.
— Ce serait possible, si j’avais un chez moi.
— Est-ce que vous n’êtes pas chez vous dans la maison de votre oncle ?
Elle avait beaucoup entendu parler de la famille, de Bertram, mais celui-ci n’avait jamais fait mention de Caroline.
— Je voudrais savoir ce que dirait votre oncle, s’il vous voyait ici à causer avec moi, reprit-elle.
— Pour peu qu’il connaisse le cœur humain, il dirait que je suis un gaillard bien heureux.
— Et l’êtes-vous ?
En faisant cette question, elle le regarda en souriant avec une si charmante malice, qu’il ne se sentit pas le courage de la condamner.
— Que penseriez-vous de moi si je vous disais que non ? Ne diriez-vous pas que je ne suis guère galant ?
— Je ne vous demande pas de madrigaux, je les déteste. Ce sont des bêtises. Je voudrais être un homme, et alors je vous appellerais Bertram, et vous m’appelleriez Cox.
— J’aime bien mieux vous appeler Annie.
— Vraiment ? Mais ce ne serait pas convenable, n’est-ce pas ? Et la petite main qui reposait sur le bras de Bertram s’y appuya un peu plus fortement.