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À son arrivée, son oncle lui serra la main plus amicalement que de coutume, et alla même jusqu’à plaisanter avec lui.

— Tiens ! tiens ! Pritchett a donc été te chercher ? Et il t’a expédié comme cela à la minute ? Ah ! ah ! il est un peu solennel ce vieux Pritchett, mais c’est un bon serviteur, — un excellent serviteur. Après ma mort, il aura de quoi vivre, mais il lui manquera quelqu’un pour lui dire un mot de temps à autre. N’oublie pas ce que je te dis là. Il n’est pas facile de trouver un bon serviteur.

George déclara qu’il avait toujours eu et qu’il aurait toujours la plus grande estime pour M. Pritchett. — Mais, je le voudrais un peu moins lugubre, ajouta-t-il.

— Ce pauvre Pritchett ! C’est, ma foi ! vrai ; il est bien lugubre, dit l’oncle en riant.

Le dîner, si l’on considère qu’il se donnait à Hadley, fut un dîner fin, et George se dit que les belles poulardes qu’on lui servait devaient être celles de Harcourt.

Du mouton rôti et du bœuf bouilli — non pas ensemble, mais en alternant — composaient l’ordinaire de M. Bertram, lorsqu’il ne dînait pas seul ; mais le dîner en question fut un véritable petit banquet. Pendant le repas, M. Bertram fit des efforts pour être aimable ; il pressa son neveu de manger, et lui passa affectueusement la bouteille, selon l’ancienne coutume. — George, à ta santé, lui dit-il. Je crois que tu trouveras ce xérès bon. Il doit l’être, si les années y peuvent quelque chose.