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Enfin on partit. Les pistons de la machine s’élevèrent et s’abaissèrent lentement, les larges roues tournèrent, et l’eau s’agita et se fendit sous la proue. Ils étaient partis et le voyage commençait sérieusement. La jeunesse se prépara à ses flirtations, les mamans déballèrent les effets de leurs enfants, et les hommes raisonnables allumèrent leurs cigares.

— Quelles singulières femmes ! dit Arthur qui se promenait sur le pont avec son cousin.

— Oui ; mais elles sont très-jolies et très-aimables. Elles me plaisent toutes les deux.

— Ne les trouves-tu pas bien libres dans leurs manières ?

— Il ne faut pas les juger en les comparant à des femmes qui ont passé leur vie en Angleterre, et qui ont toujours eu des intérieurs bien confortables et bien réguliers. Elles ont couru le monde, elles ont été ballottées de tous côtés et elles ont eu à supporter des privations, comme des hommes. Pourtant il y a en elles un grand charme. Elles sont si franches.

— Oui, bien franches, dit Arthur.

— Il est bon de voir le monde sous tous ses aspects, dit George. Quant à moi, il me semble que nous devons nous estimer très-heureux de les avoir rencontrées — pourvu toutefois que le major Biffin ne me coupe pas la gorge.

— J’espère que le capitaine Mac Gramm ne me tuera pas non, plus. Il avait tout l’air d’en avoir envie.

— As-tu jamais vu un âne comme ce Biffin ? Je ne m’étonne pas qu’elle en ait par-dessus la tête. Et puis