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la veuve de sa colère ? Quant à l’autre veuve, madame Price, elle était lasse du capitaine Mac Gramm. Une petite particularité concernant le capitaine avait transpiré et était arrivée à sa connaissance : à savoir, qu’il revenait en Angleterre pour y retrouver sa femme. Voilà pourquoi ces deux dames, qui s’étaient jadis liguées ensemble pour captiver les deux guerriers, se trouvaient maintenant d’accord pour les éconduire. Chez nous les manœuvres de ce genre se font, si j’ose le dire, dans les coulisses, et les querelles se passent entre soi ; mais dans un voyage — retour de l’Inde — on n’est jamais en son particulier, et les coulisses pour ainsi dire n’existent pas. Les deux veuves étaient accoutumées à ce genre de vie et se querellaient en public avec leurs admirateurs sans le moindre embarras.

Hinc illæ lacrymæ. Le major, cependant, n’était pas homme à s’abandonner aux larmes sans tenter un effort. Il avait tourné en ridicule l’idée qu’il pût épouser madame Cox ; mais, comme tant d’autres dans des cas semblables, il était tout prêt à souscrire à cet arrangement maintenant que cela ne lui était plus loisible. Il n’est pas impossible que madame Cox, quand elle tourna le dos, — son joli petit dos, — au major Biffin, se rendait très-bien compte de cette phase du cœur humain.

Le major était un bel homme aux cheveux bien peignés et aux favoris irréprochables. Il avait le front un peu bas, mais bien fait ; le nez droit et une petite bouche pincée. On ne pouvait faire qu’un seul re-