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du presbytère de Hurst-Staple, et il avait même beaucoup parlé de lady Harcourt, qu’ils savaient séparée de son mari ; mais il semblait éviter de mentionner Adela. Il venait d’être question entre eux de madame Wilkinson et de la position désagréable qu’occupait Arthur dans sa propre maison, lorsque celui-ci, après un moment de silence, dit tout à coup :

— Après tout, George, je me dis quelquefois que j’aurais mieux fait de me marier.

— C’est évident que c’eût été mieux, — je veux dire que ce sera mieux. Tu te marieras à ton retour.

— Maintenant, je ne sais trop ; avec ma santé…

— Tu ne penseras plus à ta santé après cet hiver. Je ne vois pas que tu aies grand’chose.

— Je vais mieux, certainement. Et il y eut un nouveau silence.

— Arthur, poursuivit Bertram, je voudrais bien avoir devant moi le même avenir que toi, — les mêmes chances de bonheur.

— Il ne faut pas désespérer, George. Le temps guérit toutes les blessures.

— Oui ; il ne faut, qu’un peu de temps pour les guérir toutes, — et puis vient le chaos.

— Je voulais parler de ce monde.

— Tout est possible, sans doute ; mais je ne vois pas trop comment mes blessures, à moi, doivent se guérir. Il est vrai qu’elles me viennent de ma propre sottise.

— Elles sont venues de cette universelle sottise qui chez tout le monde entrave l’action de la prudence humaine, dit Wilkinson.